Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/78

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à quelques pas du quai désert, près du flot montant. Les suppositions allèrent leur train. La police fut de suite informée de l’accident. Elle descendit à l’auberge de La Colombe. C’est alors que l’hôtelière et sa fille furent brusquement tirées de leur premier sommeil. La police fit de nombreuses questions à la femme épouvantée du forfait qui venait d’être commis. Elle répondit avec la sincérité d’une âme parfaitement honnête. Et que pouvait-elle dire ? Elle ne connaissait personne ; elle voyait pour la première fois chez elle la plupart de ses hôtes. Seulement, elle avait vu entrer souvent depuis quelques jours, à L’Oiseau de proie, celui que l’on appelait Picounoc, et l’autre qui paraissait un vieillard. Elle dit que l’on avait parlé du muet, et que l’habitant voulait le faire sortir de prison à cause de son innocence. Elle dit que l’un d’eux, un grand noir, était sorti quelques minutes avant les autres et n’était plus rentré.

Les hommes de la police se retirèrent. Ils n’étaient que deux. L’hôtelière et la jeune Emmélie ne purent retrouver le sommeil. Le spectre de ce pauvre habitant assassiné, passait et repassait sans cesse devant leurs