Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/82

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mémoire. Il ne parla de Pagé ni du muet à personne, pas même à sa femme. Il ne voulait pas aider la rumeur à se répandre : il aurait désiré la tuer. Mais la rumeur est insaisissable. Elle se glisse comme le serpent ou vole avec la rapidité du ramier sauvage. Elle s’étend comme un nuage, éclate comme la foudre et se multiplie comme l’écho. C’est un filet d’eau qui perce la pierre ; c’est un sillon qui s’élargit toujours, un torrent que nulle digue ne peut arrêter.

Cependant Bélanger avait hâte de voir Asselin. Il alla le trouver à sa grange.

— Sais-tu la nouvelle ? lui demanda-t-il.

— Non, quelle nouvelle ?

— André Pagé, du Cap-Santé, a été assassiné à Québec.

— Vraiment ?

— Rien de plus vrai : Baptiste Miquelon l’a vu. Il n’est pas mort encore, mais il est bien risqué.

— C’est bien malheureux !

— Ce n’est pas tout. Il paraît que ton voleur est innocent, et qu’il va être mis en liberté.