Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/84

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leur village. Quelques-uns, dans leur prodigalité coupable, avaient oublié de garder quelques écus pour payer leur passage. Tous s’étaient habillés de neuf chez les marchands de hardes faites de la Basse-Ville. Plusieurs, cependant, se défiant des embûches de la volupté, ne déliaient pas les cordons de leur bourse au sourire perfide de l’amour qui se vend, et se hâtaient de laisser la ville.

Ces braves jeunes gens prêtaient l’argent qu’ils avaient économisé, et chaque année voyait grossir leur petit trésor. Après cinq ou six hivers passés dans les chantiers, ils se trouvaient en état d’acheter une terre à des conditions avantageuses, et ils prenaient femme. Malheureusement ce n’était pas le grand nombre qui agissait avec cette prudence.

L’ex-élève, au lieu d’économiser, avait fort dépensé depuis qu’il travaillait dans les bois. Il était l’enfant gâté de bien des Calypso qui n’avaient rien des grâces de l’antique déesse, et l’adoraient jusqu’au dernier sou, pas au-delà. Mais le châtiment de Djos le blasphémateur lui ouvrit les yeux. Il réfléchit, et le fruit de ses réflexions fut un changement de vie complet, une conversion sincère. Ses tendres