Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/85

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amies de Québec ne le virent plus. Elles en furent étonnées et demandèrent à Picounoc, à Poussedon, à Lefendu et à tous les autres que la grâce de Dieu n’avait pas touchés, la raison de son infidélité. Quand elles apprirent que le frivole garçon avait un amour sérieux, elles rirent beaucoup et crurent à un prochain retour.

Cependant l’ex-élève était véritablement épris, et l’image d’Emmélie se dessinait toujours devant ses regards et lui semblait enveloppée d’un nimbe lumineux. Il alla voir sa famille, et remit une jolie somme à son vieux père étonné qui faillit pleurer de joie. Mais une force irrésistible l’attirait à Québec. Sa gaité avait un peu de mélancolie : il émaillait moins de latin ses reparties joyeuses. Il revint à la ville et Emmélie lui avoua qu’elle s’était ennuyée. Ils causèrent longtemps assis près de la fenêtre. Ce qu’ils dirent, je l’ignore. Ils parlaient à voix basse et souriaient toujours. Leurs regards se rencontraient souvent et se confondaient comme deux sources vives, sorties de deux rochers opposés. Dehors, le ciel était noir et sans soleil : il pleuvait ; mais il y avait de la sérénité dans leurs jeunes