Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/9

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vers le ruisseau pour apporter de l’eau, les autres vers la chaufferie pour sauver le lin qui n’est pas encore enveloppé par la flamme ; une fumée épaisse s’étend au dessus de la braierie, comme un nuage menaçant, et les arbres paraissent flotter dans une mer de ténèbres. Bientôt les clameurs de joie recommencent, et la chauffeuse imprudente est accablée de railleries. Souvent elle se défend avec une finesse et une loquacité merveilleuses. Les coups réguliers de la braie retentissent de nouveau, et le feu se rallume sous l’échafaud recouvert de lin.

La conversation ne languit pas parmi les travailleurs d’Asselin. Redisons quelques unes des paroles que les échos répètent. Et d’abord, c’est Clémentine Pérusse qui fait endêver Noémie Bélanger.

— Tu es contente, Noémie, de savoir le muet libéré. Il t’a remercié, au moins ?

— Ne trouves-tu pas cela affreux, toi, qu’un innocent paie pour le coupable ?

— Avoue que tout était contre lui.

— Tout le monde le croyait bien coupable, reprend Léon Dugal en secouant sa poignée