Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/91

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— Va chercher du monde, dit l’hôtelière à sa fille.

— C’est inutile, reprend Picounoc, la porte ne s’ouvrira pas ; nous sommes les plus forts, et nous vous aimons.

— Si vous nous aimez, dit la jeune fille, respectez-nous.

— Je vous en conjure, s’écrie la malheureuse mère, n’outragez pas ma fille !… C’est mon seul bien, c’est mon seul amour, oh ! respectez-la !… Elle est pauvre et sa vertu est son unique fortune !

— C’est l’affaire de Picounoc, répond le vieux.

Emmélie, les mains jointes, regarde le jeune homme d’un air suppliant :

— Pour l’amour de Dieu ! sortez, dit-elle ; nous sommes des femmes faibles et sans défense, vous êtes des hommes forts et généreux, vous n’abuserez pas de votre force ; vous ne nous ferez point de mal, vous aurez pitié de nous !

Picounoc interdit, hésite :

— Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écrie la mère, n’y a-t-il personne qui nous entende ?

Emmélie pleure et supplie toujours. Devant