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les épis


« Le cher petit n’a point souvenir de son père,
« Car il ne laissait pas encore mes genoux
« Quand cet homme adoré, sur la rive étrangère,
« Pour recueillir de l’or, s’en alla loin de nous.

« Nous n’avions pas besoin de ces richesses vaines ;
« Nous nous aimions tous deux et c’était le bonheur.
« Souvent la pauvreté voit des heures sereines,
« Et l’or ne guérit point les blessures du cœur.

« Ah ! si je le voyais avant que de descendre
« Dans le sombre tombeau que m’ouvrent les ennuis !…
« Je prie en vain le ciel ; il ne veut pas m’entendre,
« Et les jours ont pour moi plus d’ombres que les nuits. »

Elle disait ainsi les chagrins de sa vie,
Et des larmes tombaient des yeux de l’inconnu ;
Il se jette soudain à ses pieds et s’écrie :
« Femme, console-toi, ton époux est venu. »