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les épis

N’éveille plus les bois par des chants réjouis :
Tes espoirs de bonheur se sont évanouis
Comme un songe au réveil, et comme une fumée !
Ne la demande plus ta jeune bien aimée ;
Son corps charmant et pur gît au fond du torrent !
Elle a tourné vers toi son regard expirant.

* * *

« Juin répand sur nos bords les fleurs de sa corbeille.
De suaves accents, dès que le jour s’éveille,
Font retentir au loin nos bois mystérieux.
Sur les sillons fumants les insectes joyeux
Se hâtent à poursuivre une facile proie.
Le papillon doré tend son aile de soie
Et danse tout le jour dans les rayons de feu.
Le vaste Saint-Laurent déroule son flot bleu
Qui vient mourir sans bruit sur le sable, au rivage.
L’air est tout parfumé, le ciel est sans orage.
Mais rien n’est beau pour moi, car tout espoir est vain.
Je voudrais que le jour n’eut point de lendemain.

« Ceux qui m’aimaient le plus m’ont laissé sur la terre
Achever, triste et seul, mon chemin solitaire.