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les épis

Accroupi sur des peaux plus molles que la soie,
Un Autmoin redouté vient d’annoncer à tous
Qu’elle parle en secret aux puissants Manitous.

— Les plaisirs de l’amour, le bonheur d’être mère
Couronneront bientôt sa jeunesse éphémère,
Et ses pieds suivront loin l’homme qui la soumet,
Ajoutent les vieillards fumant le calumet.

— Quels sont les Manitous que sa prière invoque ?
On ne la voit jamais, ô sages ! quand j’évoque,
Pour savoir nos destins, les bienveillants esprits,
Reprend l’Autmoin.
Reprend l’Autmoin. Et tous le regardent surpris.

Au wigwam de la vierge, à la dernière lune,
Ounis s’en est venu tout heureux, sur la brune,
Apporter les présents : des castors, des visons…
Ils furent acceptés. Sans peur des trahisons,
Ounis n’a pas revu sa douce fiancée.
Ainsi le veut l’usage.

Ainsi le veut l’usage. Irenna, balancée
En sa frêle pirogue au mouvement des eaux,
Vient aborder la rive, et, dans les verts roseaux