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les épis

Nous conterons la chose au vieux maître d’école ;
Ce n’est pas, verra-t-il, une escapade folle.
Il grondera peut-être un peu, c’est sa façon,
Mais ne doublera pas, cette fois, la leçon…
Nous allions vers des bois aux sombres draperies.

Le lendemain, jour saint, c’était Pâques fleuries.

* * *

Dans cette blanche plaine où tout est verglacé,
Cette plaine endormie où, l’automne passé,
Derrière un charriot nous faisions le glanage,
Il monte maintenant un râle de vannage,
Comme en entend la grange au milieu des hivers :
C’est le bruit de nos pas.
C’est le bruit de nos pas.Or, par des clos divers,
Comme bien des vaillants que le monde néglige,
Nous passons, nous aussi, sans laisser de vestige.
Nous allons demander, pour les gens des hameaux,
Au mélèze, au sapin, leurs odorants rameaux.
Quand ils seront bénits, demain, par la prière,
Ils s’épanouiront comme dans la bruyère ;
L’église verdira, tel un coin de forêt,
Lorsqu’après les hivers mai fécond reparaît.