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les rameaux

— Pourquoi s’égrène-t-il, il est bénit pourtant ?…
Il est bénit, fit-elle encore !
Il est bénit, fit-elle encoreEt sanglotant,
Deux fois elle le porte à ses lèvres flétries.

Le lendemain, jour saint, c’était Pâques fleuries.

* * *

Maintenant se taisaient, morts depuis de longs jours,
Bien des chants, des espoirs, des plaisirs, des amours,
Que les effluves chauds des claires matinées
Avaient partout fait naître, et dans les graminées,
Et sous les bois feuillus, et parmi les blés d’or,
L’autre saison. Pourtant on pouvait voir encor
Un souffle léger, doux, peut-être sacrilège,
Soulever par instant, le grand linceul de neige,
Comme pour annoncer à l’humble travailleur
Que tout allait revivre : insecte, bois et fleur…

Le matin rayonnait. À travers la prairie
Où, poussière d’argent, roulait la poudrerie,
Les mitaines aux mains, chaussés jusqu’aux genoux,
Nous partons, plusieurs gars. Point de classe pour nous.