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les épis

Le brouillard


Glèbe qu’un soc déchire et que nos pleurs arrosent,
Ciel qu’un nuage couvre ou que des soleils rosent,
Femmes belles, enfants, hommes joyeux et bons,
Foyers des longs hivers allumant leurs charbons,
Fenêtres des étés s’ouvrant au tiède effluve,
Feu des grands abattis tonnant comme un Vésuve,
Tout est beau ; j’aime tout ; mais la fin doit venir,
Et la vieillesse, un jour, oublie…
Et la vieillesse, un jour, oublie…Un souvenir
M’est revenu pourtant, plein d’une saveur douce,
Un souvenir lointain, vague lente que pousse
Le souffle parfumé du soir.
Le souffle parfumé du soir.Près de chez nous,
Dans un enclos étroit foulé par les genoux,
Sur le bord du chemin que longe une rigole,
Une croix s’élevait. De la maison d’école,
Dans l’air, on la voyait tendre ses deux bras nus,
Comme pour nous montrer des chemins inconnus.