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Page:LeMay - Les épis (poésie fugitives et petits poèmes), 1914.djvu/198

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l’église des hurons

Il erre, sombre et triste, au milieu des ruines
Que l’herbe va couvrir,
Cherchant de quels forfaits les vengeances divines
Ont voulu le punir.

Il n’entend plus la voix de sa joyeuse cloche
Annonçant, tour à tour,
Que déjà du repos l’heure calme s’approche,
Ou qu’enfin il est jour.
Il n’entend plus jamais les chants des brunes vierges
Élevant vers le ciel
Une âme tout en feu, comme les pâles cierges
Qui brûlaient sur l’autel.

Le dimanche, autrefois, c’était fête au village ;
Aujourd’hui tout est deuil.
De son humble maison le timide sauvage
Ne laisse plus le seuil.
Son cœur se refroidit et sa vertu chancelle
Sous le vent du malheur,
Comme on voit chanceler une frêle nacelle
Sur la mer en fureur.

Et l’on dit que le soir, lorsque d’épaisses ombres
Enveloppent ce lieu,