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les épis


Le cantique du bon pauvre


Quand la feuille d’ormeau tapisse la vallée,
Que l’enfant ne suit plus la solitaire allée
Pour prendre un papillon ;
Quand les champs sous la faux ont vu tomber leurs gerbes,
Que l’insecte prudent trottine sous les herbes,
Ou se cache au sillon,

Seigneur, j’espère en toi, car l’heure qui s’avance
Sur son aile glacée apporte la souffrance
Au seuil de l’indigent ;
Seigneur, j’espère en toi, car sur l’homme qui pleure
Tu reposes toujours, de ta sainte demeure,
Un regard indulgent.

Comme un champ que l’automne a noyé dans sa brume,
Mon cœur est en ces jours noyé dans l’amertume,
Mon cœur toujours soumis.