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rayon lointain


Et les flots verts, bercés par une fraîche haleine,
Ressemblaient aux andains alignés dans la plaine.
Le long des chemins gris, sous les effluves chauds,
On voyait rayonner les toits peints à la chaux.
On avait entendu, comme un bruit de cymbales,
Le fer des travailleurs et le cri des cigales ;
Et, plus haut que ces bruits dans les airs dispersés,
Avaient chanté les cœurs d’espérances bercés.

Sur les pas des faucheurs toute la matinée,
Les faneuses, riant, la joue illuminée,
Avaient fané le foin. À l’heure du repos
On avait, sous les pins, bu le lait. Les troupeaux,
Dans l’autre champ couchés, ruminaient d’un air lâche.
La faux bientôt encor avait repris sa tâche,
Et, jusque vers le soir, fait glisser des lueurs
Parmi l’ombre du sol, sur les pas des faucheurs.

Le soir était venu. Les pesantes voitures,
Traversant les fossés, effleurant les clôtures,
S’en allaient au fenil porter le nouveau foin.
On entendait chanter les paysans au loin.
Un rustique parfum restait sur leur passage.
Les faneuses rentraient. Chacune à son corsage