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les épis

Le jour des morts


À mon fils René


C’est l’automne frileux et c’est l’âpre novembre.
Un brouillard gris descend sur la pelouse d’ambre,
Et l’homme est triste. Il voit se flétrir près de lui,
Les coteaux souriants où le soleil a lui,
Et les arbres feuillus où les nids, à l’aurore,
Ont chanté. L’homme est triste, et son cœur se déflore
De même que le champ mouillé de ses sueurs.
Le ciel n’a point d’azur, et de fauves lueurs
Glissent de temps en temps dans l’ombre de la nue.
La fenêtre s’est close, et, sur la route nue,
Dans l’ornière, on entend le râle des essieux.
Le malade esseulé demande en vain aux cieux
Le rayon de soleil qui réchauffait sa chambre.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

C’est l’automne frileux et c’est l’âpre novembre.