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pater noster

L’amour trouble nos cœurs, la gloire nous enivre,
On se plaît en soi-même, on aime à se venger.
Tous cherchent le bonheur. La coupe où l’on s’abreuve
Devient, en se vidant, le creuset de l’épreuve,
Où donc trouver enfin la consolation ?
Vous nous voyez soumis. Pour qu’on ne désespère,
Ne nous induisez point, ô Seigneur, notre Père,
Dans la tentation !

Délivrez-nous du mal qu’il faut haïr et craindre…
Spectre qui nous poursuit, hideux ou séduisant,
Qu’on voudrait pourtant fuir, et qu’on tente d’étreindre,
Qui nous charme et nous livre au remords trop cuisant !
Délivrez-nous du mal… ! Des lâches et des traîtres
Qui vendent la patrie, ou la traitent en maîtres,
De l’oubli des devoirs, du mensonge subtil,
Des fléaux de la terre et des fléaux de l’onde,
De tout ce qui corrompt ou désole le monde…
Ainsi soit-il !