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les épis

Bien des fois aux rameaux flétris par la froidure
La neige a suspendu ses éclatants lambeaux ;
Les cloches, bien des fois, sur de sombres tombeaux
Ont fait dans leur pitié, pleuvoir de longues plaintes,
Et bien des fois aussi, les mêmes cloches saintes
Sur des berceaux joyeux ont chanté le bonheur,
Depuis ces jours lointains que rappelle mon cœur.

« Et l’enfant a grandi. Sur la terre sa course
Fut semblable au ruisseau qui sort d’une humble source,
Et devient un grand fleuve aux bords ensoleillés.
Et l’enfant a vieilli. Pareil à l’or des blés
Qui couronne les champs dans les jours de l’automne,
La vertu sur son front a placé sa couronne.
Il n’est plus ; il est mort ; mais, glorieux destin !
Comme le soleil sort des lueurs du matin,
Et verse sa lumière à torrents sur le monde,
Un fils est né de lui dont la gloire féconde
Inonde son sépulcre !
Inonde son sépulcre ! « Et ce fils, le voilà !
C’est le nouvel élu ! c’est lui qui passe là !
C’est lui qu’avec transport un peuple honnête acclame,
Dès qu’il paraît, l’intrigue a peur et rompt sa trame.
C’est le nouvel élu, le premier d’entre nous ;