Page:LeMay - Les gouttelettes, sonnets, 1904.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
SONNETS RUSTIQUES



L’AUMÔNE DU CIEL


Lacs et bois, prés et monts cessent d’agoniser.
Des vols sillonnent l’air ; le gazon luit et grouille ;
La fontaine jaillit ; le chaos se débrouille,
Et tout, autour de nous, cherche à s’harmoniser.

La terre, semble-t-il, va se diviniser.
Reprends, barde plaintif, ta lyre qui se rouille.
Ouvrons à l’amitié la porte qu’on verrouille ;
La floraison des cœurs devrait s’éterniser.

Le blé germe enfoui dans le sillon qui fume ;
La génisse s’ébat, et l’agneau craintif hume,
Sur l’arbuste embaumé, la sève des bourgeons.

Dans l’œil mouillé des vieux le passé se reflète ;
Le gueux voit s’adoucir le sort qui le soufflette…
Ç’est l’aumône du ciel que nous nous partageons.{