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SONNETS RUSTIQUES



LE RUISSEAU


vas-tu, ruisseau clair sorti du noir rocher ?
Où vas-tu quand tu cours avec un gai murmure ?
Quand tu passes muet sous la sombre ramure,
Où vas-tu, clair ruisseau ? Moi, je vais chevaucher.

Par les bois odorants que le temps va faucher,
Par le bourg qui surgit, la ville qui se mure,
Par la lande déserte ou la campagne mûre,
Tu vas loin de ta source et moi, loin du clocher.

L’orage, quelquefois, te grossit et te souille ;
Quelquefois Dieu me frappe/et mon regard se mouille
Retrouve ton flot pur, j’ai ma sérénité.

Hâtons-nous. Moi, je peine ; arrose les vallées…
Nos âmes, à tous deux, seront bien vite allées,
L’une au fleuve profond, l’autre à l’éternité.


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