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FANTAISIE



LE SOMMEIL


Ferme-toi, ma paupière. Il est bon de dormir
Alors qu’on est lassé de remuer la boue ;
Quand un espoir s’en va, quand un projet échoue,
Le sommeil nous repose et vient nous raffermir.

Les veilles dans l’ennui nous avaient fait blêmir ;
Nous dormons, et bientôt un reflet pourpre joue
Sur notre front serein, sur notre maigre joue ;
L’âme s’ouvre à la joie ; on cesse de gémir.

Bien des fois j’ai béni sa suprême assistance.
Quand la nuit sonnera, reviens avec constance,
Sommeil dont le mystère a toujours tant d’attraits.

O merveilleux sommeil, n’es-tu bien qu’une trêve
Alors qu’on a vidé le calice à longs traits ?
N’es-tu pas une vie où le vrai, c’est le rêve ?