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PAYSAGES



PAYSAGE


C’est un large ruisseau qu’une digue barrait,
Et dans une échancrure où le nénuphar pousse,
Tout près d’un vieux moulin à la toiture rousse,
C’est le tronc d’un vieux chêne où le bac s’amarrait.

Attardé trop longtemps, un couple reparaît
Par-delà le labour, sur les sentiers de mousse.
Dans le dernier rayon d’une lumière douce,
Plus loin, et tout au fond, c’est un coin de forêt.

C’est ainsi que la toile avait été rêvée.
Le peintre a dû sourire à son œuvre achevée,
Et ressentir l’orgueil de l’athlète vainqueur.

Mais Dieu seul peut donner à la fleur son arôme,
Au ruisseau son murmure, à la forêt son dôme,
Aux sillons les épis et la tendresse au cœur.