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PAYSAGES


LE LAC BEAUPORT


Le roc vers toi descend comme un sombre escalier,
Et sur tes bords l’oiseau gazouille, le bois fleure.
Ne te réveille pas quand une aile t’effleure,
Quand une barque passe au chant du batelier.

Dors sur les blancs cailloux qui te font un collier ;
Mais si le vent allait te fouetter tout à l’heure,
Viens jusques à mes pieds, comme un ami qui pleure ;
Avec les malheureux moi je suis familier.

Tout entier je te vois de mon rustique siège,
Et je sais, qu’il n’est point, ô lac ! de traître piège
Sous l’éclat de ton voile et sous tes plis épais.

Que l’orage du ciel t’agite ou t’éclabousse,
Tu ressembles au juste, et jamais la secousse
N’a de tes profondeurs troublé la longue paix.