Berce-toi, papillon, sur ton aile de gaze,
La rose ouvre pour toi sa coupe de topaze,
Pour toi les prés sont veloutés !
Ah ! je voudrais aussi parmi les fleurs sauvages
Voltiger au hasard sur mes heureux rivages,
Loin du tumulte des cités !…
Ô vous dont le berceau fut en nos champs tranquilles,
Pouvez vous respirer l’air empesté des villes
Sans regretter vos prés en fleurs ?
Mes yeux de toutes parts s’aperçoivent que l’homme :
Dieu semble se cacher ; c’est en vain qu’on le nomme,
On ne voit pas bien ses splendeurs !
Je cherche un horizon baigné dans la lumière,
Et mes tristes regards se heurtent à la pierre
D’un mur qui tombe inachevé !
Je demande aux zéphyrs mes arômes champêtres,
Et la brise du soir n’apporte à mes fenêtres
Que la poussière du pavé !
Ah ! comment voulez-vous que mon âme s’élève,
Dans un transport d’amour, vers ce Dieu qu’elle rêve
Et que le désert lui montrait !
Du livre où je lisais la page s’est fermée !
Et jamais je ne vois qu’à travers la fumée
Le ciel d’azur qui m’inspirait !
Page:LeMay - Petits poèmes, 1883.djvu/171
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
RÉMINISCENCES
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/95/LeMay_-_Petits_po%C3%A8mes%2C_1883.djvu/page171-1024px-LeMay_-_Petits_po%C3%A8mes%2C_1883.djvu.jpg)