Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/19

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de cette femme, et voulait jouer avec la douleur ou la honte du fils du meurtrier, il leva sur son compagnon des yeux chargés de chagrins et de reproches…

— Non, monsieur, je ne le sais pas, dit-il.

— Je le sais, moi ! dit la folle, d’un air content…

— Geneviève ! cria le jeune homme.

— Je le sais moi ! cria toujours l’infortunée… et je vais le dire.

— Geneviève ! si vous n’êtes pas raisonnable, vous allez descendre de la voiture…

— Je le sais, moi ! répéta-t-elle une troisième fois, mais je ne le dirai pas, hein, Victor ? non, je ne dirai pas que c’est ton père qui l’a tuée, car…

— Geneviève, tu es folle et tu ne sais pas ce que tu dis, répliqua le jeune avocat. Et, dans son trouble, il ne vit pas l’étonnement qui bouleversa tout-à-coup la figure de son compagnon. Geneviève éclata de rire.

— C’est un tour de Picounoc, ça, dit-elle… c’est un tour de Picounoc, un tour infernal qui a perdu ton brave homme de père…

Le grand-trappeur regardait avec admira-