Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/23

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gea peu. Il était neuf heures cependant, et il n’avait rien pris depuis la veille.

— Vous venez veiller ce soir, mère ? demanda le jeune avocat.

— Oui, j’ai promis à Picounoc que j’irais.

Le grand-trappeur tressaillit à ce nom.

— Et tu es toujours décidée ? reprit Victor en souriant.

— Je ne puis pas reculer, maintenant. À mon âge, on réfléchit avant de s’engager.

Le grand-trappeur éprouva comme une angoisse, et il eut peur d’en entendre davantage. Il se leva.

— Ce Picounoc dont vous parlez, demeure-t-il loin d’ici ? demanda-t-il.

— Non, monsieur, se hâta de répondre Victor ; c’est la quatrième maison au nord du chemin. Une assez jolie maison avec galerie sur le devant.

Il prit sa carabine et sortit après avoir donné une chaude poignée de main à Victor et à la veuve.

— Allons ! se dit-il à lui-même quand il fut seul dehors, un vieux trappeur comme moi doit avoir plus de force qu’une jeune fille, et