Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/24

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être capable de cacher un peu ses émotions. Courage ! la coupe des amertumes, est vidée. J’arrive assez tôt, puisque Noémie est encore seule au foyer où je l’ai laissée il y a si longtemps… Ah ! je me sens capable de dissimuler ma joie ou mes larmes maintenant, car je ne crains plus que le bonheur m’échappe ! Et Noémie est belle encore, malgré la trace de pâleur que les regrets et les ennuis ont laissée sur son front !

Il se rendit chez Picounoc et c’est lui qui arriva pendant que Marguerite balayait. Picounoc était de bonne humeur, on le sait, parce qu’il allait posséder Noémie et parce que la récolte était bonne. Il invita le grand-trappeur à passer l’après-midi et la soirée avec lui pour voir la fête de la grosse gerbe. — Vous nous parlerez des sauvages ; vous nous raconterez vos courses lointaines, vos aventures de toutes sortes, et cela nous intéressera beaucoup, lui dit-il.

Picounoc qui avait souffert pendant vingt ans tout ce qu’un amour malheureux peut causer de tourments et d’angoisses, s’était abandonné aux transports de l’espérance et aux ivresses des plus doux rêves. Il ne songea