Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/248

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vie de son père et l’honneur de sa famille pouvaient dépendre de son plus ou moins d’éloquence et d’habileté. Il sentait que le prisonnier le regardait avec plus de crainte encore que d’affection.

— Messieurs les jurés, commença-t-il, vous avez à juger une des causes les plus étonnantes qui aient jamais été soumises au tribunal des hommes. Aurai-je assez d’habileté pour vous l’exposer clairement, assez de prudence pour ne rien omettre d’utile, assez de science pour la bien discuter, assez de forces pour en faire jaillir la glorification de la justice ? Ah ! si je n’étais soutenu que par l’appât de l’or ou la soif de la gloire, je pourrais défaillir, et je mériterais de succomber ; mais j’ai pour aiguillonner mon courage l’amour de la justice et le dévouement filial.

— Messieurs les jurés, reportez un instant vos regards en arrière ; tournez vos souvenirs vers Lotbinière, la paroisse de l’accusé ; remontez d’une vingtaine d’années le cours de la vie ! Voyez-vous sur ce coteau de St. Eustache, cette grande maison blanche, au milieu des arbres qui l’ombragent ? Là habitent le