Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/55

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Marguerite qui ne comprenait pas encore toutes les conséquences que pouvaient avoir les paroles du grand-trappeur, mais qui pressentait un malheur cependant, trouva, dans la prière et l’amour, la seule consolation qui plaît aux âmes vraiment attristées.

Le grand-trappeur craignit de s’être trahi, et d’avoir éveillé les soupçons de son ennemi. Il passa le reste de la nuit chez Tiston, puis, de bon matin, pour détourner les soupçons, il s’achemina vers Ste. Croix. Il fit bien, car Picounoc, soupçonnant quelque ruse, s’informa où était le chasseur. Quand on lui dit qu’il continuait sa route, sans plus s’occuper des incidents de la veille, il parut satisfait. La journée ne fut pas gaie. Picounoc ne put se mettre franchement à l’ouvrage et on le vit rôder dans son champ comme une ombre en peine.

Vers le soir, Victor parlait avec sa mère de toutes ces choses qu’avait rappelées les récits du chasseur, et tous deux songeaient aux moyens de faire revenir le malheureux exilé, dont la conduite, là-bas, était si noble et si chrétienne, quand, tout à coup, le jeune avocat s’écria en se frappant le front :