Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/56

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— Mon père n’est pas coupable, j’en suis certain !

Noémie pencha la tête. Elle ne pouvait pas comprendre qu’il ne le fut point, puisqu’il fuyait la justice et les regards de ses amis, depuis le jour du meurtre.

— Mon père n’est pas coupable ! reprit Victor avec une émotion à moitié contenue, et c’est de lui que me parlait le chasseur, hier matin, en revenant de St. Pierre…

— Comment ? que disait-il donc ce chasseur, demanda la femme, tremblante d’espoir et de crainte à la fois.

— Il me disait qu’un de ses amis était accusé d’un meurtre qu’il n’avait pas commis… non, ce n’est pas cela. Il me disait que cet ami, trompé par de fausses apparences et par un homme qui avait intérêt à se jouer de lui, sans doute, avait tué la femme d’un autre, croyant tuer sa propre femme, dans un moment d’infidélité… Ah ! c’est un cas sérieux et beau, mais difficile ! difficile !… L’avocat prenait le dessus, comme on le voit. Ce qui est regrettable, reprit Victor, c’est que les preuves manquent : le malheureux ne peut pas prouver qu’il a été la victime d’un rusé coquin…