Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/68

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chose, Marguerite, tu sais que ce grand-trappeur, ce Djos, ce Pèlerin, quelque soit son nom, est un assassin ?

— Mais, mon père, on le dit si bon maintenant, reprit la jeune fille avec une douceur étrange.

— N’importe ! c’est un meurtrier ; et je l’ai dit hier soir devant tout le monde ; c’est un meurtrier ! qu’il ne remette pas les pieds ici !

— Mon père ! les apparences sont parfois trompeuses… On a vu souvent l’innocence accusée et la faute impunie, qui sait ?…

— Je sais bien, moi ! puisque je l’ai vu faire !… Vas-tu donc défendre et protéger l’assassin de ta mère ?… serais-tu oublieuse et ingrate à ce point ?

— Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria Marguerite. Et, se cachant le visage dans ses deux mains, elle demeura longtemps silencieuse.

— Veux-tu donc qu’il revienne maintenant, reprit Picounoc, et n’eût-il pas mieux fait de passer pour mort plus longtemps encore ? dis !…

— Ah ! c’est affreux ! murmurait la jeune fille… Et un combat terrible se livrait dans son cœur : son amour était aux prises avec sa