Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/67

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comprendre, sans doute, qu’il est fort possible que vous soyez tous deux les jouets d’un mauvais plaisant, ou d’un ennemi.

— Victor est-il venu aujourd’hui ? demanda Picounoc.

— Non, papa, répondit Marguerite, l’âme oppressée par le regret.

— Il croit aux contes du chasseur, le petit fat ! il y croit !

— Il aurait tant de bonheur, s’il retrouvait son père !… Mon Dieu ! si vous partiez pour ne revenir qu’après vingt ans !… quelle serait ma peine !… mais quelle serait ma joie ensuite ! Oh ! petit père, ne lui garde pas rancune de son espoir et de sa félicité !…

— Le grand-trappeur eût mieux fait de ne jamais révéler son nom, et de rester mort pour tout le monde…

— Tu es injuste, petit papa !… voyons ! calme-toi…

— Injuste ? je suis injuste ? dis-tu ?

— Mais il me semble que… la charité…

— Il te semble que !… la charité !… oui ! tout ça, c’est bel et bon. Mais tu sais une