Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/86

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C’était le jeune chef qui arrivait, guéri, ou à peu près, et disposé à se battre encore. Iréma courut à lui ; il la reçut dans ses bras et la serrant contre sa poitrine, il lui jura qu’avant le soir elle serait sa femme. Naskarina pâlit et rougit tour à tour de rage et de jalousie. Elle s’éloigna du camp et se dirigea vers le fort.

— Kisastari ! voilà notre chef ! crièrent ensemble les guerriers des deux tribus.

— Oui, reprit le jeune guerrier, oui, je suis votre chef, mais je suis plus encore votre frère ! chassons ensemble jusqu’aux glaces du lac sans fin, dormons sous les mêmes tentes, partageons le même festin, chauffons-nous au même feu, écoutons ensemble les paroles de vie de la robe noire et nous serons heureux !

Un immense cri de triomphe suivit ces paroles.

— Hibou-blanc, va-t-en ! tu n’es qu’un traître ! crièrent cent voix.

Et le vieux renégat Racette, l’ancien maître d’école qui martyrisait le petit Joseph, prit sa carabine et, frémissant de colère, il disparut sous les arbres de la forêt profonde. Les deux