Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/90

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pour te perdre et t’avoir avec lui, ensuite, dans le feu de l’enfer…

Naskarina écouta longtemps encore le confesseur qui lui parlait de l’enfer et du ciel. Soudain, elle jeta un cri, et, se cachant la figure dans ses deux mains, elle se mit à sangloter… Le prêtre se hâta de l’absoudre au nom du Dieu de miséricorde. Les indiens regardaient avec admiration le miracle de la grâce. Quand Naskarina se releva elle pleurait encore et ses yeux rougis cherchèrent à travers ses larmes Kisastari et Iréma. Alors, quand elle les eut aperçus, elle se rendit à eux, chancelant comme une bacchante ivre de vin, elle qui était ivre du bonheur que donne la paix de la conscience ; elle leur saisit les mains et les amenant devant le missionnaire :

— Mon père, dit-elle, bénis-les, et qu’ils soient heureux !… Ils sont bons, ils ont toujours aimé Jésus, eux !…

Iréma jetant ses bras autour du cou de sa rivale infortunée l’embrassa avec transport…

— Naskarina, tu seras ma sœur, dit-elle !

Naskarina leva sur Kisastari un regard qui implorait la pitié…