Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/91

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— Je t’aime, Naskarina, dit le jeune chef, et je te pardonne.

La pénitente eut un frémissement de volupté, et le feu sortit de ses paupières…

— Naskarina, reprit le chef, je t’aime comme une sœur, car je suis ton frère… Nous avons eu tous deux le même père !…

— Mon frère ! toi, mon frère ! s’écria Naskarina haletante, étourdie…

— Et tout le monde regardait avec défiance et surprise ou curiosité le jeune chef.

— Oui, je puis bien le dire maintenant puisque notre père est mort… reprit Kisastari. Il est avec le grand Esprit depuis deux lunes, et ses dépouilles reposent à l’ombre de la croix, dans le petit cimetière de la mission du lac Supérieur… Ta mère, tu l’as connue… elle ne fut pas la mienne. Elle avait aimé mon père, alors qu’elle était jeune, et elle fut trop confiante ou trop faible. Avant d’aller paraître devant le grand Esprit, mon père m’a révélé ces choses… car il venait d’apprendre que nous étions fiancés…

— Mon frère ! murmurait Naskarina, Kisastari est mon frère ! Et ses grands yeux noirs ne pou-