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PICOUNOC LE MAUDIT.

eussent pu avoir pour eux quelques attraits ; il ne voulait pas faire croire, non plus, qu’il avait surpris sa femme dans les bras de Joseph, car cela ne forcerait pas Joseph à disparaître, et il voulait s’en débarrasser.

Voici ce qu’il pensait : ou Joseph, désespéré, se fera justice lui-même, et alors mon succès sera parfait ; ou — s’il reconnaît son erreur — je l’accuse d’avoir tué ma femme et le mène à la potence.

Tout à coup il releva la tête en souriant :

— C’est cela, dit-il, c’est cela…

Et il alla décrocher son fanal pendu à une cheville, au côté de l’armoire, l’ouvrit pour s’assurer qu’il y avait de la chandelle dedans, puis, il prit un plat de fer blanc dans le buffet et courut au jardin. Il jeta près du cadavre de sa femme le plat et le fanal. Alors, à plusieurs reprises, il appela à demi-voix, en se penchant vers la victime : Aglaé ! Aglaé !

Mais la pauvre femme était bien morte.

— Si elle n’était qu’évanouie ! pensa-t-il.

Et, se penchant de nouveau sur elle, il lui serra la gorge longtemps.