Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
126
PICOUNOC LE MAUDIT.

Cependant, quand elle comprit qu’il se dirigeait vers le puits elle s’arrêta et prêta l’oreille. Picounoc, prenant des airs épouvantés, allongeant sa figure hypocrite déjà bien longue, faisant des gestes de désespoir, courut chez les voisins, annoncer l’événement tragique qui venait d’avoir lieu. Il paraissait fou de douleur et passait d’une maison à l’autre en criant : Ma femme vient d’être tuée ! ma femme vient d’être tuée ! C’est Djos ! l’infâme ! c’est Djos, le jaloux ! ma pauvre Aglaé ! ma pauvre Aglaé !…


Les gens, tout étonnés, n’avaient pas le temps de lui faire des questions qu’il était sorti déjà. Il entra chez José Antoine. La petite gardienne avait eu le temps de raconter ce que Joseph Letellier venait de dire et de faire, et José Antoine, qui connaissait la jalousie du malheureux garçon, disait à sa femme qu’en effet la chose était bien possible. Mais quand Picounoc, à son tour, se précipita dans la maison en criant : ma femme a été tuée ! ma femme a été tuée !… C’est Djos ! c’est Djos !… José-Antoine crut que Picounoc devenait fou. Deux meurtres à la fois dans un village aussi paisible d’habitude, c’était incroyable.