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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Connais-tu le grand-trappeur ? demanda, à son tour, le chef.

— Cela ne te regarde en rien, dit Baptiste.

Le faux indien se mordit les lèvres et ses yeux lancèrent un éclair de feu.

— Ce maudit-là, continua-t-il, me le paiera, si je le poigne une bonne fois !

— C’est qu’il n’est pas aisé à prendre.

— Tu le connais donc ?

— Je l’ai vu, un jour du mois de mai dernier, écraser du bout du doigt, à ses genoux, un chef traître, un ravisseur de fille, et lui faire demander pardon… et je l’ai vu lui pardonner son crime.

Le renégat rougit sous son masque de cuivre.

Les sauvages écoutaient avec une certaine inquiétude cette conversation dont ils ne comprenaient pas un mot. Ils avaient peur d’être trahis et de perdre leur victime, car ils devinaient bien que leur chef et le prisonnier étaient de la même nationalité. Les femmes surtout se montraient inquiètes. L’une d’elles que Baptiste reconnut et qui n’appartenait