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PICOUNOC LE MAUDIT.

amie, mais la mort nous semble si éloignée quand on est jeune, plein de vigueur et débordant d’amour ! Une fois pourtant, sa jeune bien-aimée n’eut pas l’enjouement ordinaire, l’éclat de ses yeux fut moins vif, elle fut moins expansive et comme plus concentrée en elle-même. C’était la sensitive qui se repliait sous une haleine glacée. L’ex-élève crut d’abord qu’elle l’aimait moins ; on est sensible, soupçonneux, jaloux quand on aime beaucoup. Les protestations de la jeune fille le rassurèrent. Madame Saint-Pierre mourut. Alors l’ex-élève comprit la cause de la tristesse d’Emmélie, et il mêla ses larmes aux larmes de la chaste enfant. Il se disait : l’orage passera, les vents se tairont, les nuages disparaitront, et le calme et la sérénité planeront encore dans le ciel. Mais le ciel demeura couvert ; le soleil ne parut qu’à de rares intervalles, et l’espoir s’éteignit dans le cœur du brave garçon : la maladie qui avait tué la mère emportait la fille.

À l’époque des travaux on ne se couche pas tard, à la campagne, et on se lève de bonne heure. Djos et l’ex-élève fumèrent la pipe après le souper, en parlant de diverses choses,