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PICOUNOC LE MAUDIT.

entendre dans une autre direction : — C’est le diable que cet homme, pensait-il, il court avec la rapidité d’un cerf… mais il ne nous trompera pas. Plusieurs des indiens entendaient le bruit et tenaient en eux-mêmes le même langage. Le premier qui avait été mis en éveil, oubliait petit à petit, en songeant à sa belle sans doute, la glorieuse mission qu’il avait à remplir, quand il fut tiré de sa rêverie par un murmure, et un violent froissement de feuilles sèches : Il est passé ! le misérable, cria-t-il. Et, se levant, il fit par accident tomber la gâchette de son fusil. Le coup partit et la forêt résonna au loin. Alors un homme robuste et grand se cacha derrière une souche noire et, là, il attendit quelques instants pour voir d’où venait le danger. C’était le grand-trappeur. L’indien maladroit rechargea sa carabine et se tint debout. Le fugitif ne pouvait pas le voir. Les autres indiens crurent le grand-trappeur mort, et ils accoururent. Se voyant cerné — car des pas précipités résonnaient de toutes parts autour de lui — le grand-trappeur se leva pour fuir. L’indien qui venait de recharger sa carabine l’aperçut. Il eut un éclat de joie dans les yeux,