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PICOUNOC LE MAUDIT.

lorsque les veilleux sont un peu éduqués ; on « loge les gens du roi », ou plutôt, on cherche à les loger, car personne ne se soucie de se déranger pour si peu ; on joue à Colin-maillard — au bout d’un bâton — et à la paroisse — un jeu fort amusant, et bien simple celui-ci ; l’on vend le corbillon — toujours en « on », ou l’on passe le gant, en rimant ; l’on fait circuler un petit bâton allumé en disant : petit bonhomme vit encore. Il paraît que le petit bonhomme vit tant qu’il y a du feu, ou qu’il a du feu tant qu’il vit. Malheur au joueur entre les mains duquel le petit bonhomme expire ! il donne un gage. Les gages, voilà la grande affaire. Et, comme le curé qui veut accomplir son devoir a besoin d’écouter tout ce qui se dit, de voir tout ce qui se passe !… Heureusement qu’il se trouve alors aussi des commères empressées de lui rapporter les faits et gestes qu’il n’a pu apercevoir. — Le curé, c’est lui qui recueille les gages, car ces gages sont la preuve tangible des péchés que les joueurs ont commis… contre les lois du jeu. À chaque gage est attachée une peine… peine bien douce souvent, et qui tourne à l’avantage du pénitent. Voilà pourquoi sans doute il y a tant de pécheurs.