Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
PICOUNOC LE MAUDIT.

et votre demeure, dans la Sainte Sion ! Par Jésus-Christ Notre Soigneur. Ainsi soit-il !

À ces mots, un dernier souffle s’échappa des lèvres blêmes de la jeune fille ; un sourire d’une infinie douceur se répandit sur sa figure, et ses yeux d’azur demeurèrent fixes comme s’ils eussent contemplé une céleste apparition. Chacun, tour à tour, vint déposer un baiser sur le front de la morte. L’ex-élève la regarda longtemps, et des larmes roulaient sur ses joues. Il sortit et s’éloigna en silence.

Picounoc ferma sa maison et s’en alla avec sa jeune femme demeurer au village chez sa belle mère.

Alors commença pour lui une existence nouvelle. Il se vit, d’un coup, selon qu’il l’avait rêvé, à la tête d’une ferme superbe. Son ambition satisfaite, il eut vécu dans l’aisance entouré du respect et de l’amitié de ses concitoyens, s’il eut eu le courage d’imposer silence à ses appétits sensuels. Mais le succès le grisa au lieu de le rendre sage. Il se dit qu’il réussirait dans une autre affaire comme il avait réussi dans la première. Les obstacles ne l’arrêtaient point ; bien au contraire, ils aiguillon-