Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/10

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Pour garder ses élus contre les ennemis
Que l’enfer, irrité, sur la terre a vomis ;
Pour montrer le poison dont les coupes sont pleines,
Et les mortelles fleurs qui parfument les plaines,
Le Seigneur a choisi, dans ses divines cours,
Des Esprits combatifs qui veilleront toujours.

C’est un de ces Esprits, dont le saint ministère
Est de conduire au bien les hommes de la terre,
Qui vient d’entrer aux cieux. Quelle est sa mission ?
Pourquoi sur son front pur se peint l’affliction ?
Pourquoi son œil limpide est-il devenu terne ?
Devant le Tout-Puissant trois fois il se prosterne,
Et le ciel avec lui trois fois tombe à genoux.

― « Dieu tout-puissant, dit-il, Dieu dont le nom si doux
Devrait, pour tout mortel, être un objet d’hommage,
Je n’ai pas encor vu, sur la lointaine plage
Où j’erre solitaire, hélas ! depuis longtemps,
Les cœurs monter vers vous purs, honnêtes, contents !
L’immense Canada, sur ses féconds rivages,
Ne voit se promener que d’ignares sauvages,
Malheureuses tribus que le roi des enfers
Se vante de tenir, à jamais, dans ses fers.