Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/120

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Tu m’avais pris mes fils ; je les croyais perdus ;
Mais en noble guerrier tu me les as rendus.
J’ai marché bien longtemps pour te dire ma joie,
Car je ne vais pas vite, et sous les ans je ploie...
Mais ton visage est triste, et tu parais souffrir...
Je sais quel mal vous tue, et je puis le guérir.
Vois-tu cet arbre vert ? Va promptement. Recueille,
Et fais bouillir ensemble et l’écorce et la feuille,
Cela va te donner un breuvage enchanté,
Qui vous rendra bientôt la force et la santé.
Tu vois que l’Indien, détestant la vengeance,
N’a gardé dans son cœur que la reconnaissance. »

Cartier, tout stupéfait, reconnaît Tohrina,
Le père des captifs qu’en France il emmena.
Il le traite d’abord comme un noble convive,
Et chargé de présents le renvoie à sa rive.

« Gloire à Dieu ! Gloire à Dieu ! je le crie à genoux.
Oh ! qui dira jamais ce qu’Il a fait pour nous !
Nous étions expirants sur la plage étrangère,
Et nul ne secourait notre longue misère !
Nos ennemis passaient et riaient de nos maux.
Ils tressaillaient de joie en voyant nos tombeaux.