Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/123

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Ils viennent tous, au nom des tribus éloignées,
Lever sur l’homme blanc leurs armes indignées.
Ils marchent en chantant de féroces couplets,
Que scandent dans leurs yeux d’étincelants reflets.

Cartier voit tout à coup cette foule guerrière
Se lever, se mouvoir comme un flot de poussière.
Il comprend qu’on ourdit de funestes complots,
Pour le perdre lui-même et tous ses matelots.
Un frisson de terreur s’empare de son âme.
Ciel ! comment échapper à cette ligue infâme !
Les guerriers sont nombreux comme, dès le printemps,
Sur les étangs des bois les feuillages flottants.
Et, tenter de s’enfuir serait bien téméraire,
La marée est montante, et le vent est contraire.
Dans ce moment critique, il mande Jalobert.
Son cœur à cet ami s’est bien souvent ouvert,
Et l’ami n’a jamais, dans sa grande prudence,
Laissé flotter au vent l’intime confidence.

― « Guerriers de la tribu, voici venir le soir.
La nuit sera discrète et le ciel sera noir.
Que vos arcs soient tendus et vos haches tranchantes !
Les esprits des aïeux, de leurs plaintes touchantes