Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/122

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Le léger nid de foin qui les avait bercés.
Les nuages fuyaient, par le vent dispersés ;
Le sable en rayon d’or scintillait sur la grève ;
Les rameaux fleurissaient ranimés par la sève.

Deux vaisseaux de la France au large sont ancrés.
De leurs sonores ponts montent des chants sacrés.
Comme le bâtiment blessé par le naufrage,
Un troisième, ô douleur ! reste sur le rivage !
Nul matelot ne vient. Tout est silence à bord.
Trop nombreux sont ceux-là qui dorment dans la mort.
Ils sont tombés, un jour, comme l’herbe flétrie,
Et ne reverront plus le ciel de la patrie.

Sur cette plage étrange, au murmure des flots,
Dormez, dormez en paix, glorieux matelots !
Vous étiez à la fin de vos labeurs sublimes ;
D’un noble dévouement vous êtes les victimes.
Dormez, dormez en paix dans votre saint repos !
Dans l’immortalité, dormez jeunes héros !

Mille canots d’écorce ont sillonné la rade,
Et des guerriers nouveaux parcourent la bourgade.
Ils se sont tatoués de diverses couleurs.
L’audace est sur leurs fronts, la haine dans leurs cœurs.