Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/59

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Ils dorment à l’abri des arbres séculaires.
Pour réveiller l’écho de ces lieux solitaires,
Ils ouvrent, en chantant, des sentiers épineux.
Ils demandent leur baume aux arbres résineux ;
Escaladent les rocs ; montent dans les feuillages,
Comme ils montent, sur l’eau, dans les tremblants cordages.

Ainsi jusques au soir, d’un pied sûr et léger,
Ils parcourent gaîment le rivage étranger ;
Mais quand l’oiseau des nuits s’enfuit de sa cellule,
Quand aux cimes des pins tremble le crépuscule,
À la voix de Cartier, sur le pont du vaisseau,
Avec empressement ils montent de nouveau ;
Puis ensemble à genoux, ils élèvent leur âme
Vers Celui qu’en tout lieu la nature proclame.
Et cette mer tranquille, et ces immenses bois,
Entendent louer Dieu pour la première fois.
Pour leurs frères aimés que les vents dispersèrent,
Avec ferveur et foi les matelots prièrent.

Deux hommes, par leur geste, et sur leurs fronts cuivrés,
Laissent voir le bonheur dont ils sont enivrés.
À l’aspect imprévu de la rive déserte,
Leur âme, endolorie et devenue inerte,