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IX

UNE ÎLE


 
Athlète valeureux qui remporte la palme,
Le navire s’arrête au fond d’une anse calme,
Que le rivage ceint, comme un bras arrondi
Ceint l’urne de cristal. Du chêne reverdi
Se reflète dans l’ombre une tremblante image.
Mille petits oiseaux, au chatoyant plumage,
Ornent comme des fleurs les feuillages touffus.
Et, du fond des forêts, cris, chants et bruits confus
S’élèvent, tout à coup, pour saluer les hôtes
Que le ciel a conduits sur ces lointaines côtes.
Les marins, agités d’indicibles transports,
Descendent cependant sur ces sauvages bords.
Tourmentés par la crainte et par l’inquiétude,
Leur cœur s’ouvre à la joie, en cette solitude
Où l’orgueilleuse mer humblement vient mourir.
Sur l’herbe et la feuillée ils aiment à courir.