Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/72

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Un Esprit de ton ciel l’a ravie au bûcher,
Et dans ces bois déserts elle vient se cacher.
Si nous la délaissions en ce lieu solitaire,
Elle mourrait bientôt de peine et de misère.
Au ciel du Canada qu’elle vienne avec nous,
Et que ta charité lui fasse un sort plus doux. »

Cartier tout étonné de ce noble langage,
Presse contre son cœur la main du bon sauvage.
Il sait que l’Indien avec habilité,
Peut donner au mensonge un air de vérité,
Et que d’autres motifs, en empêchant sa fuite,
Ont pu déterminer cette noble conduite.
Cependant il se plaît à croire à ses discours,
Et veut que sans retard l’on prête du secours
À cette enfant des bois que poursuit l’injustice.
Par son ordre, aussitôt, une chaloupe glisse
Vers la rive déserte où l’humble fille attend :
Domagaya, ravi, la conduit en chantant.

Qu’il est plaisant et frais le souffle de la brise !
Sur les récifs lointains comme la vague brise !
Qu’ils sont gais dans leur vol, les oiseaux de la mer !
Qu’elle est forte la voix de l’océan amer !