Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/73

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Est-ce un cygne géant que le flot gris balance ?
Une voile qui s’ouvre et devant nous s’élance ?
Ô Cartier, quel éclair s’échappe de tes yeux !
Quel doux étonnement, quel espoir radieux,
Font tressaillir ton cœur comme un bronze qu’on frappe !
Que porte donc la mer sur sa mouvante nappe ?
Ce n’est point un oiseau qui vient en s’ébattant,
Ce n’est point un brouillard qui s’élève éclatant.

Une voile, Dieu bon ! Dieu bon, c’est une voile !
Puis, une autre la suit, comme au ciel une étoile
Suit de près, dans l’azur, l’astre aux rayons sereins.
Elle approche, elle approche ! Et déjà les marins
Du rivage, de l’île, au loin, l’ont aperçue.
Leur immense clameur monte jusqu’à la nue,
Et du rocher sonore éveille les échos.
Et sur le bâtiment les autres matelots
Répondent à leurs cris par de longs cris de joie.
À la cime des mâts le pavillon ondoie.
Ô la divine fête ! Ô les coquets vaisseaux !
Qui semblent de plaisir se bercer sur les eaux !

Les voilà ! les voilà, ces navires rapides,
Avec leurs ponts couverts de marins intrépides,